Ji Shen – Yong Shen – L’effort de l’Être humain
#1 Ji Shen
Ji Shen c’est littéralement l’Esprit Défavorable.
Ce sont le ou les éléments/aspects qui, dans une carte de naissance, n’apportent pas l’harmonisation de l’équilibre élémentaire.
En général, les plus défavorables sont les éléments/aspects en large excès dans la matrice élémentaire du thème.
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Mais si le Ji Shen n’apporte pas l’équilibre en soi il ne faut pas pour autant le rejeter et le considérer comme néfaste à tous points de vue.
Dans notre équilibre élémentaire de naissance les éléments/aspects en large excès sont ce que nous compose le plus, logique ! Ils représentent nos plus grandes capacités, nos talents, les domaines où nous seront les plus doués, les plus à l’aise.
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Je suis persuadé qu’il est dommageable de diaboliser le Ji Shen.
L’illustration la plus parlante de ce fait c’est que lorsque nous analysons une carte d’un adolescent, parce qu’il a besoin d’orienter ses études et de choisir une direction pour son ou ses futurs métiers, nous déterminons cela à partir de ses éléments les plus forts. C’est d’ailleurs très souvent en lien avec la structure de son thème définie par la BT du mois. Nous l’orientons alors vers ses talents, vers ce qu’il possède en grande quantité car c’est à ces endroits qu’il pourra exceller.
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Nous ne devons pas aborder la carte de naissance d’une jeune personne comme nous le faisons avec celle d’une personne de 40, 50 ans ou plus et cela est particulièrement vrai pour l’équilibre élémentaire.
De mon expérience, il est rare que nous soyons amenés à conseiller un sujet adolescent de s’équilibrer pour atteindre plus d’harmonie et de travailler sur lui-même, à moins qu’il y ait une problématique spécifique. Il risque fort de ne pas nous écouter d’ailleurs car il en est à un stade où il n’a qu’une envie, celle de la reconnaissance de ses capacités. Ou alors, s’il a du mal à se cerner et donc à s’affirmer, ce sont bien les éléments en excès qui l’aideront à trouver ces fameux talents qui le composent.
Le ou les Ji Shen de son thème deviennent, dans ce cas, vers quoi il convient qu’il produise son effort.
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Lorsqu’on travaille sur des exemples de cartes de personnages publics, on peut observer très souvent que les périodes au cours desquelles ils sont devenus connus sont celles où ils se sont dirigés vers leur Ji Shen, la plupart du temps lorsqu’ils étaient encore jeunes.
Si nous étions venus les voir avec leur carte BaZi en leur annonçant qu’il fallait qu’ils fassent le contraire afin de s’équilibrer de manière globale, ils nous auraient ri au nez ! Pendant ces périodes ils ont atteint la reconnaissance de leurs talents, ils ont pu accéder à la notoriété et à la prospérité.
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Cependant, cultiver toute son existence le Ji Shen ne donne jamais rien de bon. Et ça aussi l’étude de la vie des stars nous le confirme très souvent.
#2 Yong Shen
Le Yong Shen c’est l’Esprit Utile, l’élément/aspect favorable à l’équilibre général de la carte de naissance.
Ce n’est pas toujours, de loin, l’élément le plus faible dans l’équilibre élémentaire mais c’est celui qui peut relancer le mouvement du Qi. À part pour les thèmes spéciaux ce n’est jamais un élément en excès non plus.
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Il est aussi fort dommageable de considérer le Yong Shen comme une solution miracle, il convient de ne surtout pas le sanctifier.
L’Esprit Utile représente un travail sur soi et tout travail demande un effort. C’est un effort continu et quotidien que l’on doit mettre en œuvre et l’effort dans ce sens nous n’y sommes pas du tout habitués. Le Yong Shen n’incarne pas nos tendances qui se sont mis en place depuis longtemps, il incarne même le contraire, ce que nous n’avons pas envie de mettre en œuvre. Même si nous savons que ce sera bénéfique à notre équilibre, c’est difficile.
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En formation, l’illustration que j’utilise, que je trouve caricaturale et rigolote mais très parlante, est celle du régime alimentaire. Imaginons un homme habitué depuis longtemps à ne manger que de la viande grasse, des frites et de la bière.
Ce régime représente son Ji Shen, l’Esprit Défavorable. Il s’y trouve bien, cela lui fait plaisir, il trouve ça très bon… Mais cela ne l’équilibre pas du tout et s’il abuse de ce régime il aura certainement de gros problèmes de santé.
Son Yong Shen consiste alors à poser devant lui un plat tout autre, un poisson maigre vapeur et des haricots verts sans beurre par exemple.
Il y a alors de fortes chances que notre bonhomme n’ait pas autant d’appétit, qu’il soit fortement déçu voire dégouté.
Mais s’il fait l’effort de goûter et d’adopter ce régime pendant un temps, il découvrira certainement d’autres saveurs qu’il ne connaissait pas, il pourra accommoder le poisson plus à son goût (non, non, pas de frites !). Surtout, il constatera au bout d’un moment les bienfaits que cette nouvelle manière de manger lui procure et il n’aura pratiquement plus d’effort à faire pour continuer.
Mais encore faut-il produire l’effort au départ.
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J’ai lu il y a longtemps, je ne sais plus où, que les périodes transitoires (Da Yun) ou temporelles (Yun Nian, Xiao Yun) qui apportent l’élément/aspect représentant notre Yong Shen, sont des périodes favorables et propices.
Oui mais favorables à quoi ? Propices à quoi ?
Lorsque le Yong Shen arrive par des influences extérieures il s’accompagne de doutes et de fortes remises en question. Surtout si nous n’avons pas fait notre analyse BaZi et que nous ne savons pas ce dont il s’agit. Si une personne vient nous consulter et se trouve dans cette situation, qu’elle se sent perdue et ne sait pas quoi faire, il serait totalement décalé de lui annoncer que tout va bien, qu’elle est dans une période favorable et propice !
Par contre, si elle comprend bien l’effort qu’elle doit mettre en œuvre par son Yong Shen, cette période sera effectivement propice à obtenir des résultats plus rapides et favorables.
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Le Yong Shen ne doit pas être vu comme une baguette magique, c’est un effort d’évolution que nous devons produire quotidiennement. Ce n’est ni une révolution, ni une période où n’aurions qu’à profiter des influences favorables.
#3 L’Effort de l’Être humain
J’ai adopté les mots qu’utilise Marip dans le livre “Leçons de BaZi” : dans la grande triade Ciel-Homme-Terre, le Ciel représente les opportunités qui s’offrent à nous, la Terre est le support sur lequel nous pouvons nous appuyer et l’Homme c’est l’effort d’Être humain que nous produisons, sous le Ciel et sur la Terre.
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L’Art des 8 mots décode les opportunités du Ciel que nous pouvons saisir et les supports de la Terre que nous pouvons utiliser mais l’effort de l’Être humain c’est notre potentiel de libre arbitre et cela n’est pas cartographié par les Ba Zi.
Dans la première moitié de notre existence, nous dirigeons notre effort instinctivement vers notre Ji Shen car c’est ce qui nous est offert naturellement. Nous érigeons notre individualité sur les fondations de nos éléments en excès et affirmons ainsi nos capacités.
Lorsque nous atteignions la maturité entre 40 et 60 ans (pour la plupart d’entre nous), nous ressentons la nécessité de nous équilibrer car nous avons souvent le sentiment de tourner en rond. En vase clos les capacités du Ji Shen ne nous apportent plus grand-chose, il faut que nous tournions notre effort vers notre Yong Shen.
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Mais comment faire ?
C’est là que l’Art du BaZi nous apporte de précieux conseils. Des conseils qui consistent à orienter notre effort dans le bon sens. Mais ce n’est pas si facile.
En consultation, lorsque j’expose la solution du Yong Shen et les formes éventuelles que cet effort pourrait prendre, j’entends quasiment à chaque fois les personnes me dire :
“Ah non ça je n’aime pas” ; “J’ai du mal là-dessus” ; “Je n’y arrive pas” ; “Ah… C’est là que le bât blesse”.
Mais en poussant un peu la réflexion, en les amenant à être un tout petit peu objectives, elles reconnaissent qu’elles savent très bien qu’elles doivent aller dans ces directions. Elles s’aperçoivent même qu’elles œuvrent au moins un peu dans ce sens depuis un moment, consciemment ou inconsciemment.
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La clé, de mon point de vue et à partir de mon expérience, c’est qu’il faut utiliser Yong Shen et Ji Shen de concert.
Il est, encore une fois, pas question de diaboliser l’élément en excès et de sanctifier celui qui peut apporter l’équilibre.
Le Yong Shen doit être mis en œuvre à partir des fondations du Ji Shen.
Si le rééquilibrage élémentaire se situe dans la logique d’engendrement et consiste à faire produire ce qui est en excès, cela revient à utiliser autrement les grandes capacités du Ji Shen.
Si la solution réside dans la logique de contrôle et consiste à pondérer l’élément en excès, cela revient à façonner les capacités du Ji Shen, à les faire gagner en qualité.
Ainsi l’effort du Yong Shen ne se trouve pas en opposition avec le Ji Shen, il s’en sert, d’une autre manière que celle que nous avons faite jusqu’alors.
À partir de là, l’échange en consultation prend une autre forme car ce sont les personnes qui consultent qui proposent elles-mêmes les meilleures solutions à mettre en œuvre dans leur vie, dans leurs comportements, dans leurs relations aux autres. L’effort devient alors bien plus motivant.
Ce n’est pas une révolution, qui se situe toujours dans le rejet et la dureté. C’est une résolution en vue d’une évolution. L’effort de l’Être humain s’inscrit dans le temps, la douceur et la bienveillance envers soi-même. Mais il doit être résolu et régulier, il doit se déployer au quotidien.
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L’Art chinois des 8 mots nous apporte de belles leçons de vie.
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