Consultation pour les autres
On me demande souvent s’il est possible de consulter le BaZi en apportant les informations de naissance d’une autre personne que soi. A-t-on le droit ? N’est-ce pas déplacé, indiscret ou impoli de demander que soit dressé et analysé un thème BaZi qui ne nous appartient pas ?
Il n’y a aucun problème à demander l’étude du BaZi d’un proche, d’un membre de la famille ou d’un ami. Ce peut être pour mieux comprendre ce proche, pour savoir comment équilibrer et harmoniser nos relations avec lui, ce peut être pour savoir comment aider un enfant, un parent, une sœur, un frère et prévenir d’éventuelles complications le concernant. Souvent aussi, il est question de comparer deux cartes, pour en définir les compatibilités affectives, relationnelles et même professionnelles.
Dans la grande majorité des cas, cela ne pose pas de problèmes éthiques. Mais encore faut-il que la situation soit saine et que l’esprit du consultant, ainsi que celui du praticien, soient bien orientés.
Il y a des règles déontologiques évidentes.
La légitimité
En premier lieu, il y a la notion de légitimité et cela dépend de la nature de la relation que la personne entretient avec le sujet de la carte de naissance.
Lorsqu’il s’agit d’un membre de la famille, cette légitimité est assez évidente à établir, mais il faut rester prudent et observer le lien qui unit les deux personnes.
Si c’est une mère ou un père qui demande l’analyse, nous pouvons considérer que ce parent en a tout à fait le droit. Une mère, par exemple, est attentive au bien être de son enfant, son intention est très certainement bienveillante, elle désire comprendre pour mieux accompagner, pour soutenir, pour équilibrer ses relations et possiblement pour prévenir d’éventuels problèmes concernant cet enfant. Un parent en a tout simplement le droit, même lorsque l’enfant est adulte et âgé.
Si la personne à qui appartiennent les informations de naissance est un aïeul, un grand parent ou même un père ou une mère, la légitimité est évidente là aussi. Après tout, c’est en adéquation avec la loi française qui stipule que n’importe qui peut demander un acte de naissance s’il peut démontrer un lien de filiation. Pour la fratrie, on peut mettre un bémol à cela. En effet certains frères et sœurs ne s’entendent plus, il faut dans ce cas vérifier l’intention qui est derrière le désir de consultation. Mais dans tous les cas, les liens du sang paraissent légitimes.
En ce qui concerne les autres proches, les amis, collègues, connaissances, les partenaires, quel que soit la nature du partenariat, en tant que praticien nous devons vérifier cette légitimité. La question qui se pose concerne la source des informations de naissance. Comment la personne qui vient pour une analyse les a-t-elle obtenues ? Il y a de grandes chances que cette personne les ait reçues du sujet concerné et que celui-ci se soit demandé pourquoi, mais nous devons le vérifier. Dans ce cas la légitimité est apportée par l’accord donné par le sujet concerné, en toute connaissance de cause. Il suffit de poser quelques questions pour jauger de la bonne foi de celui qui apporte ses informations. Il faut vérifier et être le plus certain possible que le sujet à qui appartient le thème que nous nous apprêtons à monter et à étudier ait donné son accord. En cas de doute sur la légitimité des sources, nous devons refuser de mener la consultation, tout simplement.
La bienveillance
Ce qui est extrêmement important ensuite est la démarche de bienveillance qui doit forcément animer une analyse BaZi pour autrui. L’intention doit être celle de la compréhension, de l’entre-aide, du soutien et/ou une intention d’améliorer la relation avec le sujet de la carte.
En aucun cas un praticien BaZi, qui se respecte et respecte son Art, ne doit accepter d’analyser la carte d’un tiers pour en déceler les faiblesses afin que cela serve une intention ne serait-ce qu’intéressée ou pire, malveillante. Même au sein des familles il peut souvent exister des clivages plus ou moins sérieux, le praticien ne doit en aucun cas entrer dans ce jeu malsain. Donc, même lorsque la légitimité parait être établie sans aucun doute, il faut vérifier l’intention de la demande et n’accepter celle-ci que lorsque la démarche est altruiste et bienveillante.
Ce n’est pas toujours évident à identifier et quelquefois nous pouvons avoir des doutes, même lorsque la personne qui vient nous voir avec des infos qui ne sont pas les siennes parait tout à fait honnête et transparente. Lorsque j’ai commencé à donner des consultations, une mère m’a demandé de faire le BaZi de son fils de 50 ans car elle voulait savoir si son comportement agressif était lié à la manière qu’elle avait eu de l’éduquer. Était-elle responsable ? Avait-elle manqué à ses devoir de mère ? Telles étaient les questions qu’elle se posait. Cette mère était légitime par son statut mais sa démarche l’était-elle aussi ? J’ai pensé que oui, car elle n’avait aucune malveillance en elle. Elle savait que son fils se comportait mal et elle en était triste, mais elle se demandait si elle avait tout essayé pour l’orienter dans une meilleure direction, en vain. Son intention demeurait donc bienveillante, même si elle était tournée vers elle-même. La consultation lui a permis de se déculpabiliser, notamment en mettant en exergue qu’elle avait fait tout ce qu’elle pouvait.
Il convient d’être particulièrement vigilant lorsqu’il s’agit de comparer deux cartes, celle de la personne qui vient pour la consultation et celle d’une tierce personne dont elle apporte les informations de naissance. La compatibilité de deux thèmes BaZi se nomme la synastrie, c’est assez fréquent comme demande et en général cela concerne des relations affectives. Lorsque la relation concerne un parent et son enfant ou une personne et un de ses parents, la légitimité est établie et la démarche est très certainement dirigée vers la compréhension et le désir d’harmonie (toujours à vérifier). Mais lorsqu’il s’agit d’une relation amoureuse il faut se méfier, notamment si la relation débute. Ici aussi la démarche doit être toute bienveillante. Le BaZi peut aider grandement à équilibrer une relation de couple, toujours en se basant sur la compréhension empathique, mais je pense qu’il ne doit pas servir à déterminer le choix d’une ou d’un partenaire amoureux. Je sais que cela se fait beaucoup en Chine traditionnellement, notamment pour les mariages, mais cette démarche ne me parait pas être en adéquation avec nos mœurs et notre société occidentale moderne. Nous avons une solution toute simple à cette problématique, c’est de recevoir en consultation les deux personnes concernées par cette synastrie de couple, cela règle les deux questions de légitimité et de bienveillance. Si ce n’est pas possible il faut vérifier le plus possible que le demandeur désir améliorer la relation et non pas vérifier s’il doit rompre, par exemple.
Ensuite, nous pouvons avoir des demandes qui concernent des partenariats non affectifs, des demandes de compatibilités professionnelles par exemple. Dans ces cas-là, la légitimité reste la première chose à vérifier. Les deux parties doivent être d’accord pour la consultation BaZi, toute deux doivent connaître l’intention qu’il y a derrière. Si une personne nous apporte les informations de naissance de son éventuel associé en affaires, qu’il les a obtenues de sa part et qu’il l’a informé de sa démarche, c’est ok. Si cette personne désire obtenir un bilan sur leur compatibilité et leur complémentarité en termes professionnel, il est tout à fait possible de l’aider à y voir plus clair. Dans ces cas-là, le praticien doit rester dans ce périmètre établi, celui de la relation professionnelle. Ce qui nous amène au troisième point de cet article.
Le praticien
En dernier lieu, c’est le praticien BaZi qui analyse et c’est lui seul qui décide ce qu’il doit livrer au consultant en matière d’observations et de conclusions.
Lorsque la personne qui apporte les informations de naissance est légitime pour le faire, lorsque sa démarche et ses objectifs paraissent bienveillants, son questionnement doit alors être clair et précis. Le praticien, puisqu’il a accepté de conduire la consultation dans ce sens, doit rester sur la demande exprimée. Si, par exemple, l’étude porte sur la compatibilité professionnelle, l’analyse ne doit pas s’écarter de ce périmètre. Il en va de même pour une relation affective et même pour un rapport mère-enfant. Les champs d’analyse de l’Art du BaZi peuvent être très intimes, mais cette intimité ne doit être abordée qu’avec le sujet du thème et non pas avec une quelconque autre personne. L’intention d’une personne qui veut comprendre la carte d’une autre doit être bienveillante, mais elle doit aussi être très précise et l’analyse du praticien doit demeurer dans ce cadre. Là aussi ce n’est pas toujours évident, il faut garder à l’esprit la nature de la demande tout au long de la consultation et, si nous nous apercevons que le demandeur tente de dépasser le périmètre qu’il a lui-même défini, et qui nous a fait accepter de faire l’étude, nous ne devons pas le suivre et ne pas répondre à des questions qui n’entrent pas dans ce périmètre. En dernier lieu, c’est le praticien qui a la main.
Pour conclure
Légitimité de la demande, démarche bienveillante et conduite juste de l’analyse par le praticien, sont les trois conditions pour consulter le BaZi pour les autres.
Ce que nous cherchons grâce à cet art, c’est à Comprendre, à Équilibrer et à Prévenir. Il ne nous faut jamais nous écarter de cet important crédo. En nous servant de ces trois notions, en les comprenant bien et en les ayant bien intégré, nous pouvons mener n’importe quelle consultation concernant un tiers. Cela demande de l’expérience, de l’empathie et de la discipline.
Si nous reprenons le cas de cette mère qui demande une analyse de son fils agressif, pour savoir si elle responsable de ce fait, les trois conditions étaient bien réunies. La légitimité de sa demande était établie par son statut de mère. Son intention n’était pas animée par un esprit revanchard mais par une compréhension saine. La nature de sa demande était claire et précise. La consultation est alors restée sur la question de sa responsabilité et en aucun cas nous n’avons fait une analyse intime de son fils de 50 ans. Nous sommes tous deux restés dans le cadre établi, elle n’a d’ailleurs pas essayé d’en sortir et d’en savoir plus que ce pourquoi elle était venue.
Dans ces conditions nous pouvons pratiquer l’Art chinois des 8 mots pour autrui.
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